top of page
Photo du rédacteurPascale Tant

Apprendre à danser sous la pluie

En grandissant, tout être humain fait face à des crises, des épreuves plus ou moins lourdes (perte d’un être cher, maladie, échec, …), qui peuvent paraître fragilisantes, insécurisantes voire insurmontables. Mais en réalité, avec du recul, on se rend compte que ces moments difficiles à vivre nous font grandir car ils nous font prendre conscience de nos fragilités, mais aussi de nos forces.


Les épreuves que nous traversons nous amènent à nous interroger sur nous-mêmes et sur le sens de notre vie et engendrent un changement dans les rapports à nos repères habituels (croyances, valeurs, relations, projets de vie, ...). Derrière ces moments terribles à traverser se dessinent très souvent les fondations de ce que nous devenons par la suite.


Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les enfants n’ont pas peur de la mort ? Tout simplement parce qu’ils ne connaissent pas la vie. Tant que l’on n’est pas passé par des épreuves, voire de vraies souffrances, on ne se connaît pas et on ne connaît pas non plus la valeur de la vie. Quand on se rend compte que cette dernière est infiniment précieuse, on ne se donne plus droit à la médiocrité, à l’ennui, au temps perdu car on sait que tout peut s’arrêter demain.


Les personnes les plus fortes et qui portent en elles la joie de vivre et la sérénité sont celles qui ont connu les plus grandes difficultés et traversé les plus grandes épreuves car elles connaissent définitivement le prix de la vie. C'est en effet au moment où nous devons faire face à une situation qui dépasse de loin notre entendement, nos compétences, nos possibilités, que nous découvrons une partie de nous, inconnue mais très importante, qui nous insuffle le courage, l'envie d'y arriver, le besoin vital d'aller plus loin…


« La vie, ce n'est pas d'attendre que l'orage passe, c'est d'apprendre à danser sous la pluie. » Sénèque


Cette capacité à surmonter les épreuves et à réussir à vivre et à s’épanouir en dépit de l’adversité s’appelle la résilience. C’est, le célèbre psychiatre Boris Cyrulnik, qui a repris cette expression. Il affirme que le malheur n’est pas une destinée. Rien n’est irrémédiablement inscrit et tout est toujours possible. Derrière les nuages de notre vie, il y a toujours le soleil et ciel bleu, même si, à certains moments, ils deviennent invisibles à notre regard.


Face à l’adversité, certaines personnes vont être capables de rebondir et de se reconstruire, tandis que d’autres vont considérer chaque événement négatif comme insurmontable et sombrer dans la dépression. Cette ressource exceptionnelle qu’est la résilience, n’est pas héréditaire, il n’y pas de gène de la résilience, c’est quelque chose qui s’apprend…


La vie, c’est 10 % ce qui vous arrive et 90 % comment vous y réagissez. (Charles R. Swindoll)

Il y a tout d’abord la notion d’acceptation : pour être résilient, il ne faut pas ignorer les difficultés mais y faire face concrètement et rebondir, c’est-à-dire s’adapter à la situation afin d’en ressortir - plus fort qu’on l’était auparavant.


La résilience implique aussi d’apprendre à réguler ses émotions, c’est-à-dire ne pas en être dupe. Face à un événement, on peut être en colère ou avoir du chagrin, mais au lieu de s’identifier à ces émotions, il faut essayer de les laisser passer tel des nuages. Cela permet de se défaire des émotions négatives pour mettre l’accent sur les émotions positives, celles qui vont nous permettre d’être optimiste et positif. A cet égard, toujours avoir des rêves, des objectifs à atteindre, des défis à relever, des projets à réaliser peut grandement aider à devenir résilient.


Même si c’est parfois extrêmement difficile, il faut essayer de se montrer flexible et enthousiaste face au changement. Le principe de l’impermanence, bien connu des bouddhistes, veut que les changements soient inévitables. Nous sommes dans un monde en perpétuelle mutation, il faut donc être capable de s’y adapter et d’y faire face.


La résilience s’acquiert aussi par la pratique spirituelle. Elle peut être méditative, elle peut consister à s’immerger dans la nature ou à s’entourer d’animaux, mais l’essentiel est de savoir remettre en perspective nos problèmes face au monde qui nous entoure.

Et enfin, il est extrêmement important d’être dans la gratitude, de nous montrer reconnaissant pour tout ce que nous avons plutôt que de nous plaindre de ce que nous n’avons pas ou de ce que nous aimerions avoir. Dans ce même ordre d’idée, je pense que s’occuper des autres, les aider à soulager leurs peines et à traverser des épreuves peut être une des meilleures manières de relativiser nos propres problèmes et souffrances.


« La plus grande victoire de l’existence ne consiste pas à ne jamais tomber, mais à se relever après chaque chute. » Nelson Mandela

La résilience n’a certes pas le pouvoir de repousser les épreuves pour nous mettre à l’abri des chocs auxquels nous soumet la vie. En revanche, elle peut nous permettre de résister aux difficultés, de nous développer en un être encore plus fort lorsque l’adversité croise notre route. Elle nous confère l’espoir de pouvoir à nouveau nous épanouir pleinement, même si la vie est parfois impitoyable et que notre société va souvent trop vite, nous faisant oublier l’essentiel et ce que nous sommes.

Comments


bottom of page